mercredi 29 octobre 2008

Le blog du mois d'octobre: LE VAMPIRE REACTIF



"Publier un livre, nous disait Michel Tournier dans son essai Le vol du Vampire(paru pour la première fois au Mercure de France en 1980), c'est procéder à un lâcher de vampires. Car un livre est un oiseau sec, exsangue, avide de chaleur humaine, et, lorsqu'il s'envole, c'est à la recherche d'un lecteur, être de chair et de sang, sur lequel il pourra se poser afin de se gonfler de sa vie et de ses rêves. Ainsi le livre devient ce qu'il a vocation d'être : une oeuvre vivante."

En automne, les jours raccourcissent à vitesse grand V, l'occasion pour les vampires de manifester leur soif insatiable.. d'art. Irma Vep (pseudonyme réutilisant l'énigme de l'ancestrale série de Louis Feuillade,Vampires), David Gray et Desmodus premier du nom ont mis en place à Lyon, en février 2008, une maison d'édition associative, Le Vampire Actif, avec la "volonté mordante de communiquer des points de vue solides sur la pluralité de la culture, qu'elle soit locale, nationale ou internationale". Le vampire réactif est un blog mettant en valeur des oeuvres qui ont su retenir l'attention aiguisée de ces blogueurs invétérés, principalement dans les domaines littéraire ou des arts de la scène.

Parmi les coups de sang les plus cinglants de ce blog, on citera des articles sur des oeuvres méconnus comme Personne de Linda , l'Eloge de la lenteur de Carl Honoré, Mort Anonyme d'Abé Kôbô. Parmi les thèmes de prédilection de ses ardents blogueurs, on retrouve le mystère de la littérature, la quête d'identité..et la mort. Plus récemment, on a pu découvert de formidables articles sur Une éducation libertine de Del Amo et Sauvagerie de James Graham Ballard, dont la ténébreuse Irma Vep, l'auteur du billet, est une fervente lectrice.
Ce sont ses propres articles qui m'ont attirés sur ces pages. En effet, ses qualités d'écriture, son sens exacerbé du détail, son souci de peaufiner ses textes donnent lieu à des plongées vertigineuses.

Un bémol toutefois, les billets sont trop rares. Hélas, pour combler toutes les passions dévorantes de ses vampires, le temps manque et il faut parfois attendre de longues semaines avant de pouvoir se délecter de ses alléchantes mises en bouche.

vendredi 17 octobre 2008

La Véranda de Robert Alexis, poésie intemporelle


La vie de Robert Alexis est un mystère en soi. D'ailleurs, ce n'est pas un hasard si d'aucuns ont même l'audace de supputer que cet admirateur de la discrétion de B.Traven utiliserait un pseudonyme pour passer totalement incognito.
Le manque d'informations à son égard inviterait presque le lecteur à songer qu'il s'agit d'un auteur disparu. Autant dire que ce n'est pas son écriture, ayant l'élégance surannée d'antan, qui pourrait remettre en question son appartenance à un siècle enfoui. Les récits mystérieux qu'il nous dévoile s'intègrent à une époque éloignée desquels émanent une nostalgie troublante.

La Véranda, paru en 2007 chez José Corti(son unique éditeur jusqu'à présent), s'inscrit dans la lignée de sa première oeuvre, La Robe, roman encensé par la critique.

Une fois encore, Alexis prend le parti d'un récit dont le coeur se déroule dans le passé. Ici, nous assistons à un voyage en train d'un vagabond anonyme, à l'orée de la mort, ayant jouit durant sa vie d'une condition aisée. Ce train, qu'il empruntait jadis, parcourt l'Europe de l'Est, de l'Autriche à la pointe Est de la Turquie, repasse par les lieux qui ont marqué sa vie, à la recherche de ces jours dont la douceur va ranimer ses souvenirs les plus vivaces. Ceux-ci, associées aux haltes du véhicule, se succèdent au fil de la marche du train, dans un rythme de plus en plus lancinant. Progressivement, les réminiscences semblent prendre de plus en plus de place, jusqu'à transformer le récit en une sorte de rêve mélancolique.



La clé de voûte de ce dernier était d'ores-et-déjà dévoilée dans le titre du roman. Cependant, la description de la découverte de ce lieu, bordé par un lac paradisiaque, doté d' "une âme féminine, retenue dans quelque loge du temps" insuffle une dimension intemporelle, quasi- fantastique au texte, accentuée par l'effet de l'Ayahuasca, cette drogue dont semble abuser l'homme.
On touche d'ailleurs ici à la principale richesse du texte. Robert Alexis donne à son écriture une grâce légère(plus que dans ses autres oeuvres) qui permet de donner l'impression de ralentir le temps, d'en cueillir ses plus subtiles beautés, d'en extraire les plus infimes variations. La nature semble réveiller tous les sens du lecteur grâce à ses descriptions ô combien pittoresques.

"Nous traversions en silence un sous-bois. Le cocher évitait avec adresse les ornières d'un chemin gâté par une pluie récente. Je sentais ma voisine, recroquevillée sur son siège, bouleversée par ce qu'elle voyait. Un écureuil sautait d'une branche à l'autre. Les feuilles, portées par le vent, s'amoncelaient au sol. Plus loin, une grive poussait son chant répétitif, le dernier avant que l'hiver ne l'obligeât à chercher un abri."
L'amour qui prendra place dans ce cadre s'inscrit dans la continuité innocente de cette proximité à la nature. Il réconfortera l'ambiance bucolique des lieux, cette insouciance qui laisse songer que rien ne saurait perturber le bien-être qui s'immisce dans la vie de cet homme. Pourtant, le caractère vagabond de ce dernier, comme un amoncellement nuageux obscur qui point au bord d'un ciel limpide, risque de compromettre le bonheur paisible promis à ce couple. Ce désenchantement, associée à ce langage poétique, n'est pas sans rappeler les grands romantiques( Byron, Lamartine pour ne citer qu'eux) pour lesquelles le bonheur ne peut perdurer. On songe également à Goethe et à son livre, Les souffrances du jeune Werther, qui a marqué des générations de lecteurs au XVIII et XIXème siècles.

Ce tournant amorcé à la moitié du récit donne au texte une direction quelque peu décevante par rapport à la première partie de l'oeuvre, qui touchait au sublime. J'ai été décontenancé par le changement de directions insaisissable que prend le voyage du personnage. Les liens profonds qui l'unissait aux lieux évoqués de façon si mystérieuse et troublante dans un premier temps, semblent se défaire et faire perdre de l'intensité narrative, qui constituait le point fort de l'oeuvre jusqu'à présent.

Malgré ce bémol, toutefois, on peut profiter d'une oeuvre au charme indéniable, qui manque si cruellement à bon nombre de livres qui font déborder les rayonnages des librairies. Ce récit intemporel en vaut largement la chandelle.
Il serait dommage de passer à côté d'un livre qui invite au voyage de si belle façon.






vendredi 10 octobre 2008

Cortège des ombres de Julián Ríos ou le bal des fantômes

Julián Ríos est né en Espagne en 1941. Cortège des ombres est un ensemble de textes qu'il a conçu à la fin des années 1960, comme sa première oeuvre. Bien que reconnues séparément par leur qualité, ces nouvelles n'avaient jamais connues de parution dans leur ensemble jusqu'à l'édition simultanée en 2008 à la fois en Espagne et en France(chez les éditions Tristram).
C'est un écrivain connu pour son cycle Larva(paru en France chez Corti), dont l'écriture inventive a été maintes fois saluée par ses pairs. C'est aussi un homme pour qui l'écriture constitue une raison de vivre.
D'ailleurs à la question “Pourquoi écrivez-vous ?, posée par le journal Libération à des écrivains du monde entier, Ríos répondait : “Pour moi, écrire, c’est escrivivir. Je crois que ce mot-valise qui contient et fusionne écrire (escribir) et vivre (vivir), et qui a été inventé par le personnage principal de mon roman Larva, permet de donner une explication personnelle de ma raison d’écrire. Ce qui est sûr, c’est qu’écrire est pour moi un art de vivre, plus vrai que nature, une manière de vivre plus intensément.”

Les habitants de Tamoga, bourgade côtière imaginaire, à la frontière du Portugal, ne sont plus que des silhouettes évanescentes, constituant un cortège d'ombres.
En quelques lignes seulement, Julián Ríos est capable de camper les lieux et son atmosphère troublante:
"Tout ceci survint à la fin du mois de septembre, alors que commençait à s'insinuer la léthargie automnale, que les heures déjà s'écoulaient plus lentes, et que le temps semblait se mettre en stagnation comme les tristes eaux des marécages de Tamoga."
Tout au long de neuf nouvelles, les villageois tentent de reconstituer à tatons la mémoire évanouie de leurs concitoyens. Cette oeuvre morcelée présente l'étrangeté de nous faire comprendre en amont la fin tragique de ces personnages. Toutefois, n'allez pas croire que J.Rios ne sait pas pour autant surprendre son lecteur. Au contraire, à l'ultime minute, il est capable de le dérouter, en rappelant les fins macabres d'Edgar Allan Poe, comme dans le neuvième texte qui clot ce livre, intitulé Le Fleuve sans rive, lauréat du de La Hucha de Plata de la nouvelle en 1970.
Grâce à une habilité dont il a le secret, J.Ríos semble suspendre le temps quand vient poindre l'heure de la mort. Le parcours tortueux de ces personnages, semé d'histoires d'amour, d'argent, de trahison, de vengeance, au coeur d'une période trouble de l'Espagne qu'est le franquisme (à une époque où la vie communautaire était beaucoup plus prépondérante que de nos jours) nous est alors dévoilé par voix interposées, par le biais d'un ultime souvenir ou- plus étonnant encore- dans la remarquable nouvelle Deuxième Personne(aussi primée par le prix Gabriel Miró) d'un voyage spatio-temporel s'apparentant à l'ubiquité. Ce choeur de témoignages s'entremêlent pour prendre une dimension onirique donnant lieu à une mise en abîme funèbre, souvent interrompue de façon brutale, comme par un coup de fusil retentissant au coeur de la nuit.
Ainsi, par son réalisme implacable, son sens du détail et de l'ambiance sombre et mystérieuse, J.Ríos écrit dans un style qui rappelle quelque peu Juan Rulfo ou certains des grands conteurs français du XIXème siècle comme Villiers de l'Isle-Adam(pensez à ses contes cruels) ou Maupassant.

Un livre singulier et poétique que ce Cortège des Ombres que je ne saurais trop conseiller de découvrir.



lundi 6 octobre 2008

La Vie pétrifiée de Nils Trede

Les éditions quidam viennent de confirmer tout le bien que je pense d'elles avec la sortie récente d'un nouveau premier roman, celui de Nils Trede, intitulée La Vie pétrifiée.
Xavier est un homme solitaire qui mène une double vie entre deux îles, reliées entre elles par un simple pont. Dans l'une, il tient un restaurant familial et dans l'autre, il est médecin de police. Si son aspiration l'entraîne vers la seconde, son passé, son devoir d'accompagnement envers sa mère malade le renvoie invariablement vers la première. Un soir de pluie, dans son restaurant, Xavier sert un couple incarnant l'innocence et la tendresse dans son plus parfait dépouillement.
Ainsi, se voyant offert une fausse pierre par le jeune homme qui s'inquiète de la valeur de celle-ci, la fille lui répond:
"Qu'est-ce que ça veut dire, une fausse pierre? Elle est de toi, alors c'est la pierre la plus précieuse de toutes."

En observant et écoutant la fille, il comprend qu'elle est faite pour lui. A la suite de cette révélation, Xavier n'a plus qu'une obsession, la revoir.
"L'île paraissait lasse et fatiguée. Je me suis penché au dehors. J'ai vu le fleuve, son éclat métallique et son mouvement placide de loin, au bout de la rue. J'étais calme. J'étais ivre. Je la voyais partout. La lueur de sa peau sur tous les visages mouillés, les toits argentés, les vitres, sur l'eau du fleuve. Son sourire dans la lune. Les mèches sur ses joues dans les branches tendues des arbres. Je voulais la revoir."
Pour son premier roman, Nils Trede parvient à ciseler ses mots, épurer son texte pour n'en garder que l'essentiel, donnant au lecteur l'impression de se laisser bercer par un poème d'une grande musicalité. Tour de force remarquable s'il en est quand on connaît l'origine allemande de l'auteur(né à Heidelberg en 1966) qui écrit ici dans la langue de Molière( il vit depuis dix ans environ en France).
Le roman abonde en images troublantes et magnifiques. Ainsi, l'escapade en bateau le long du canal met en relief le rôle de l'écluse fermée pour aller de l'avant à contre-courant, parabole frappante du parcours à suivre pour Xavier afin d'éviter de se laisser engouffrer par ce qui est derrière lui.
Ce dernier, inconsciemment, ne parvient pas à faire le deuil de son passé. L'écrivain le témoigne à plusieurs reprises de façon insidieuse. On pense notamment aux épisodes de la cicatrice mal refermée ou de la pierre tombale. Xavier semble se consoler dans l'harmonie qu'il obtient en s'imprégnant des choses qui l'entourent. Ainsi, revient à plusieurs reprises la tristesse que Xavier accepte de transformer en larmes à condition que celles-ci se noient dans l'eau qui l'environne.
La couverture d'Estelle Pinet(en noir et blanc) , sur laquelle on voit un personnage de dos contempler la ville, illustre bien cet aspect primordial de l'oeuvre. D'ailleurs, cette ville avec ce pont qui permet de rejoindre une tour majestueuse en passant par une colonnade de châtaigniers , sous le rire moqueur des gargouilles, rappelle par de nombreux aspects l'île de la cité à Paris. Pourtant, l'écrivain s'efforce de rendre floue, impalpable les lieux qu'il décrit, pour donner, en quelque sorte, à son récit une tonalité de rêve évanescent. En décrivant un climat évoluant au fil des pages du gris pluvieux au froid glacial, Nils Trede tend à faire glisser inexorablement son récit vers un figement, une vie pétrifiée à jamais, une mort absolue.

Un premier roman fascinant, d'une grande pureté qui fait preuve d'une grande maturité d'écrivain.








mercredi 1 octobre 2008

Parfum fantastique sur La Fleur de peau de Sebastià Alzamora

S'emparer d'un livre pour en entreprendre la lecture n'a plus la valeur d'antan. Pourtant, il fut un temps où les livres véhiculaient une âme à travers leur reliure, confectionnée avec minutie pendant de longues heures. Puppa, la figure centrale du quatrième roman du catalan Sebastià Alzamora, est l'un de ceux qui travaillent à insuffler de la vie à ces objets pour les faire perdurer à travers les générations successives des êtres humains car selon lui

"Nous vivons trop loin des livres...Je veux dire que nous devons les laisser nous protéger, que notre peau mortelle se laisse imprégner par ce qu'il y a d'éternel dans la peau des livres. Ils nous éloignent de la mort."
Pour concrétiser ses rêves , l'énigmatique ermite a recours à la matière organique. Le personnage-narrateur le découvre à ses dépends après avoir connu l'amputation de l'une de ses deux jambes, suite à un accident,au cours de son travail de tailleur de pierre. En effet, il apprend que Puppa s'est procuré sa jambe pour en détacher la peau et accomplir son oeuvre. Désireux d'en savoir plus, il ira à la rencontre de cet énigmatique personnage solitaire vivant au sommet d'une montagne, dans un refuge abandonné.

Coincé avec lui, par une redoutable tempête de neige, il sera contraint de s'entendre narrer la vie tumultueuse de cet artisan hors-normes. A travers celle-ci, elle-même racontée par le narrateur unijambiste à une foule somnolente au sein d'une taverne, c'est tout un pan de l'histoire de Prague du XVIIème siècle qui défile devant nos yeux. Ainsi, on assiste à la défénestration de Prague, prémice de la guerre de trente ans et au coeur de laquelle on est entraîné dans la dernière partie de ce livre. Bien entendu, en bon conteur qui se respecte, Alzamora n'a aucun scrupules à mettre son grain de sel inventif dans l'histoire-sans pour autant la déformer complètement- car comme il l'explique en excursus de son roman, il ne croit pas "que la littérature se doive de garder la moindre fidélité envers l'histoire".
En effet, le résultat est probant et s'approche, avant tout par son caractère fantastique bien plus des romans baroques bigarrés ou gothiques du XIXème ou XVIIIème siècle qu'à un rigide roman historique. Ainsi, la légende du golem (illustrées autrefois par Gustave Meyrink et Mary Shelley) s'insère à merveille dans ce récit qui mélange les genres et dont l'amour constitue un enjeu primordial. Puppa et son mentor le rabbi Yehuda Loewe(créateur supposé du golem dans la légende) se retrouvent immiscés dans le cours de l'histoire avec subtilité. Arcimboldo, quant à lui, le célèbre peintre maniériste de la renaissance, apparaît comme étant le paysagiste de la cour de Fréderic de Palatinat pour laquelle il a réalisé un jardin unique à la végétation luxuriante, dont les proportions s'adaptent étrangement à la perception individualisée. Comme le voile violet diaphane qui semble pénétrer le jardin, les contours du récit sont insidieusement manipulés. Les perceptions de Puppa semblent se situer à la frontière entre songe et réalité. Ce dernier semble subir à plusieurs reprises des distorsions de l'espace-temps qui mettent en relief la confusion entre les personnages et les récits. L'emboîtement des récits, tout comme dans le Manuscrit trouvé à Saragosse (en plus simple), participe à la déstructuration volontaire de l'oeuvre. Tout comme cette dernière, les scènes érotiques côtoient le fantastique pour donner un parfum évanescent à celles-ci (pensez aux scènes où Van Worden se réveillait au pied du gibet des frères de Zoto après avoir flirté avec les soeurs jumelles arabes). Ici aussi, Puppa se retrouve au coeur d'une intrigue qui le dépasse et dont il semble subir les tournures, tout comme les estocades de son pire ennemi, le Duc Antoine. Parmi les autres similitudes entre l'oeuvre de Potocki et celle d'Alzamora, signalons la prédominance des sciences occultes, et de la philosophie, alimentées par des citations énigmatiques ingénieusement glissées en langue originale (et traduites seulement à la fin du livre) de Novalis, dont le pouvoir magique semble planer au-dessus de l'oeuvre, comme un nuage de mystère troublant la vision de l'oeuvre

L'auteur passionne le lecteur par un récit intriguant, dense, mystérieux et aussi desservi par une écriture ayant l'élégance d'antan. Cependant, trop souvent à mes yeux(surtout dans la première moitié du livre), il s'étend démesurément dans des descriptions architecturales et artistiques qui, si elles ont le mérite d'imprégner le lecteur du cadre du récit, engendrent le risque de l'ennuyer et de le faire se détourner de la magie qui se dégage de l'ensemble. Etant un formidable conteur, Alzamora confirme progressivement les lettres de noblesse à ses aventures en les plongeant toujours plus avant dans des péripéties incontrôlables et fantastiques, replaçant avec créativité les pièces du puzzle qu'il a pris le soin d'éparpiller ici et là.

La dernière partie, au coeur de la guerre de trente ans,(la bataile de la montagne blanche) est vraiment menée de main de maître. Le lecteur est transporté au coeur de l'action et de la confusion qui y règne. A ce moment, chaque geste est vécu à la fois de l'intérieur par Puppa et en même temps extériorisé par son rôle de narrateur. Ainsi, les batailles présentent l'aspect très réussi d'une fresque cinématographique vécue au ralenti.

En définitive, les qualités ainsi que les audaces narratives, abondent et prédominent sur les quelques défauts et maladresses d'un écrivain à découvrir. D'ailleurs, signalons que ce roman fantastique a reçu en 2005 le prix Joseph Pla.


  • Effleurez les pages du roman de Sebastià Alzamora, La Fleur de peau ( La pell i la princesa) paru en français en 2007 aux éditions Métailié dans une remarquable traduction de Cathy Ytak (au sujet de laquelle les pages que voici sont très enrichissantes et mettent en valeur l'importance de la traduction d'une oeuvre pour qu'elle vive au-delà des frontières). Au passage, j'aimerais souligner la pertinence de la couverture. Tandis que beaucoup des images choisies pour celles-ci sont bien souvent contestables, ici, un livre ancien entrouvert sur des pages aux caractères énigmatiques a été sélectionnée à merveille.
Je souhaitais aussi remercier Irma Vep pour sa recommandation.