mercredi 24 septembre 2008

Le blog du mois de septembre: PALUDES



Beaucoup de mes idées de lecture me viennent des différents blogs qui jalonnent la toile auxquelles je fais régulièrement des renvois à la fin de mes billets.
C'est pourquoi dorénavant, de façon mensuelle, je mettrai en avant un blog qui a retenu toute l'attention de la taverne pour donner encore plus de perspectives littéraires à ceux qui visiteront mes pages.

Ce mois-ci, j'évoquerai le blog paludes. Nikola et Carole aborde des oeuvres littéraires- essentiellement méconnues- de trois façons différentes: par le biais de critiques écrites mais aussi et surtout de lectures et chroniques audio extraites de l'émission paludes de Radio Campus Lille, diffusées le vendredi entre 10H30 et 12H.
C'est cette approche que j'ai trouvée la plus fascinante car elle permet de développer davantage différents aspects d'une oeuvre qu'une critique classique. Malgré la passion perceptible de Nikola, ses critiques sont nuancées avec beaucoup de subtilité. Le tour de force principal est de réussir de donner l'eau à la bouche sans gâcher le plaisir de la découverte éventuelle à venir. Parmi les plus pertinentes, je citerai celles de l'Ami Butler de Lafargue, de La Taverne du doge Loredan et Le Secret du Caspar Jacobi de Alberto Ongaro. Les lectures sont en général complémentaires de ces chroniques et permettent de se rendre compte précisément de l'écriture de l'auteur.
Les critiques quant à elles, plus rares, permettent aussi de donner le goût de la découverte à ceux qui veulent en savoir le moins possible ou ceux qui n'ont guère le temps d'écouter les chroniques(entre dix et quinze minutes tout de même, en général).

La verve et le ton de Nikola, alimentés par des références enrichissantes et complètes, servent magistralement ces livres sélectionnées avec beaucoup de pertinence à mes yeux. Avant de leur laisser la parole, je glisserai ce lien sur lequel ces défricheurs présentent admirablement leur approche de la littérature.
Pour ceux qui en ont l'envie et qui n'auront pas peur de se laisser tenter par une myriade de titres atypiques et caractérisés par une grande qualité littéraire, laissez-vous entrainer par paludes, le blog qui ne se contente pas de brasser du vent.


P.S.: un palude, synonyme de marais, est une terre d'alluvions dans le Sud-Ouest de la France et particulièrement dans le Bordelais. Paludes c'est aussi le titre d'une oeuvre satirique d'André Gide(parue en 1895) qu'il a écrit alors qu'il séjournait à la Brévine, région de Suisse, surnommée "la petite Sibérie Suisse". Celle-ci servit de cadre pour le roman La Symphonie Pastorale.

mardi 23 septembre 2008

ATTILA DEFRICHEUSE DE TALENTS

Quel est le point commun entre Ludwig Hohl et Giovanni Papini? Il s'agit d'écrivains dont l'oeuvre est tombée dans l'oubli et qui aujourd'hui, grâce à l'obstination de la maison parisienne Attila, refait surface sur le marché des livres, par l'intermédiaire d'une édition illustrée flambant neuve. A l'origine de cette riche idée, il y a de jeunes défenseurs ardents de la littérature, Benoît Virot et Dominique Bordes, qui fondent en 2004 "la revue qui met du sang dans son vin", le Nouvel Attila un slogan qui en dit long sur son contenu. Elle décide de sortir des sentiers battus pour extraire les plus précieuses pépites littéraires des oubliettes, en explorant quatres aspects différents du monde livresque: critique, créatique, cryptique, trafic. Le Nouvel Attila, c'est aussi la revue qui donné la chance à Jérôme Lafargue de faire apparaître le texte(Maria Sombrano) qui ouvre son roman L'Ami Butler. Vous comprendrez alors l'intérêt que je commence à porter à leur travail. J'espère pouvoir me procurer certaines de ces revues et en reparler à l'occasion de ma prochaine visite à Paris au mois de novembre.

Pour l'heure, je m'intéresserai à la maison d'éditions issue de cette revue, la dénommée Attila.
Pour comprendre un peu plus leur démarche, intéressons-nous au prix Nocturne. Fondé en 1962 par Roland Stragliati, de la revue Fiction, pour récompenser « un ouvrage oublié, d’inspiration insolite ou fantastique », le jury procédait de façon bien mystérieuse. Trois petits tours et puis s'en va ce prix légendaire. Quarante ans après, Attila le ressuscite au mois de novembre dans des conditions souhaitées aussi étranges que lors des premières processions.

Giovanna Papini a été consacré post-mortem en 2006 pour sa fantaisie GOG.
Ma lecture a été celle de l'édition d'origine de 1932(Flammarion) mais j'espère vivement reparler de cette oeuvre étonnante, agrémentée de 70 illustrations de Rémi et de cinq chapitres inédits.
Gog est un milliardaire mégalomane misanthrope, blasé qui s'ennuie désespérement. Pour y remédier, ce dernier va faire venir dans sa demeure un lot de figures toutes plus excentriques les unes que les autres, censées combler sa tendance à l'audace démesurée. Chacune de ses rencontres donne lieu à de courts chapitres assez jouissifs dans l'ensemble, parmi lesquelles on assiste à l'élaboration mentale de distractions insolites comme une symphonie silencieuse ou un théâtre avec des acteurs qui ne se contentent pas de simuler mais qui accomplissent réelement leurs actes sur scène. Sont présentées également par gog lui-même des théories incroyables comme le procès des innocents, en tant que solution à la criminalité, ou par certaines grandes personnalités entrevues revisitant leurs grandes théories : Gandhi qui affirme que la révolte des indiens contre l'impérialisme anglais vient justement de l'impregnation de la culture anglaise chez les indiens, Ford,Einstein, Freud, G.B. Shaw ou Knut Hamsun, qui maudit la célébrité depuis son prix nobel, ou alors par des visiteurs inconnus qui auront aussi le plaisir de révéler leurs divagations.
Malgré la succession de ces visites et les différentes collections onéreuses de géants, de crânes, de myopes, d'amputés ou de pays, qu'entreprend le mégalo Gog n'est jamais comblé par ses délires. Le lecteur, lui, savoure ses penchants avec délectation même si les nombreuses saynètes qui jallonent l'oeuvre auraient mérité davantage de concision à mes yeux. De plus, l'effet de surprise s'amenuise au fil des pages, laissant le lecteur quelque peu sur sa faim par moments, peut-être pour le rapprocher de l'état dans lequel se trouve son personnage. Au-delà de ces scènes fantaisistes, c'est une réflexion sur le pouvoir à la fois illimité et en même temps, en fin de compte, très restrein de l'argent.

Un ouvrage qui mérite le détour avant tout pour son originalité et pour l'effort éditorial.

Prochaînement, je reparlerai de cette collection avec Une ascension de Ludwig Hohl.



  • Gog de Giovanni Papini, épuisé chez Flammarion et réédité en 2007 chez Attila dans une traduction de René Patris et des illustrations de Rémi.
  • Gog vu par Nikola

samedi 13 septembre 2008

Le Grand Blondino de Sture Dahlström, fantaisie jubilatoire

Une fois de plus, je me suis laissé tenté par les recommandations d'un lecteur-bloggeur (en l'occurence Anne-Sophie Desmonchy et sa lettrine) pour découvrir un auteur inconnu à mon bataillon d'auteurs méconnus, un dénommé Sture Dahlström, figure de proue du roman suédois du vingtième siècle. Déconcerté par le surprenant Je pense souvent à Louis-Ferdinand Céline du même auteur dans lequel le personnage principal entraîne clandestinement le célèbre écrivain français dans le coeur de sa contrebasse, je souhaitais me laisser surprendre encore davantage. Autant dire que c'est chose faite avec cette fantaisie décapante, intitulée Le Grand Blondino, dans laquelle l'auteur ne s'abstient d'aucune audace scénaristique.

Eric Von Fitzenstrahl est un artiste multidisciplinaire dont la danse, l'écriture et le cinéma sont ses facettes les plus développées. Se considérant comme artiste visionnaire, proche de Dieu, mais incompris(comme l'écrivain Céline son idole), il ne recule devant aucune folie pour accomplir sa mission d'artiste authentique. C'est un homme qui vit sa vie comme un film, un film détonnant, cocktail improbable entre Bunuel, Lang et Eisenstein. Afin d'éviter de stagner dans le moule sans saveur de l'art populaire, ou pire, de tomber dans la routine qu'il considère comme le pire des fléaux de notre siècle, pas la moindre limite ne doit entraver ses élucubrations. Pour ne pas tomber dans l'indigence pécuniaire, il appâtera les plus aisés écrivains de la planète en se faisant passer pour un membre de l'Académie suédoise. Ses idées saugrenues alliées à une lubricité excessive l'entraînent bien souvent dans des situations périlleuses desquelles il s'extirpe avec une virtuosité et un art de l'improvisation hallucinants. Pour preuve, cette scène savoureuse des toilettes d'un train. Fitzo est en train de forniquer avec une charmante fille qui voyage avec ses parents. Après l'avoir discrètement attirée dans ce lieu obscur et secret, il se retrouve acculé par le contrôleur qui, averti de l'occupation démesurément longue du lieu intime, ordonne au couple licencieux de sortir immédiatement. C'est avec beaucoup d' hardiesse que l'homme se présente en pseudo-gentleman, accompagnant sa soeur aveugle aux toilettes. Il en profite même pour retourner la situation et mettre mal à l'aise le préposé du train, l'accusant d'impolitesse envers une personne handicapée.

Hélas, cette explosion d'idée n'est pas toujours du même acabit et il faut, trop souvent à mon goût, subir des scènes érotiques crues. C'est le gros point noir de ce roman qui aurait gagné à distiller avec un peu plus de parcimonie cette prose flirtant avec le vulgaire. Certes, cela est voulu et tend à faire ressortir l'un des caractères dominants de la personnalités de Fitzo. Cependant, ses côtés fantasque et mégalomaniaque sont représentés de façon bien plus subtile et saisissante à mes yeux. Ainsi, l'auteur jongle habilement entre les première, seconde et troisième personne du singulier pour désigner son personnage et rend impalpable la frontière entre réalité, fantasmes et art, accentuant la confusion qui anime cet homme, atteint de la folie des grandeurs.
Ce roman est aussi et peut-être surtout une parabole de l'art gangrené par des moyens démesurés, oubliant l'essentiel. La dernière partie s'inscrit parfaitement dans cette trajectoire où la surprise est le maître mot. Ainsi avec cet artiste ayant la foi en l'art véritable et tout à coup possédant des moyens démesurés, on suit un parcours menant inévitablement vers l'art factice, l'art dénué de sens artistique.
Pour illustrer ces propos, rien de mieux que cette citation de Benjamin de Casseres, précédant la deuxième partie:
"Nous vivons à une époque merveilleuse et dans un merveilleux monde anarchique de couleurs, de mouvements, de vibrations et de destructivité créatrice et étincelante... l'intellect a fait faillite, la vie elle-même explique la vie, et chaque seconde est un événement divin dans lequel toute la création prend corps. Nous devons railler l'existence à chaque instant, nous bafouer nous-mêmes, bafouer tout en produisant sans cesse des attitudes, des gestes et des attributs grotesques et fantastiques."


  • A découvrir: Le Grand Blondino de Sture Dahlström, paru en 2007 aux éditions Le Serpent à plumes, dans une traduction de Léna Grumbach et Catherine Marcus.

jeudi 4 septembre 2008

Rentrée tout en douceur

C'est l'heure de la rentrée pour certains. De mon côté, l'été n'a pas été l'occasion de lectures marquantes. J'espère cependant pouvoir reparler prochainement d'Hervé Le Corre qui m'a fait passé un excellent moment en compagnie de son Tango Parano, un polar au style déroutant. J'attends avec grand intérêt la réception de quelques romans, comme Les figures de Robert Alexis et La Véranda du même auteur. Un auteur discret qui sait créer des histoires ennivrantes en renouant avec un langage au charme d'antan. Le Cortège des Ombres de Julian Rios, évoqué avec passion par Anne-Sophie Desmonchy fait lui aussi partie des lectures dont j'attend beaucoup. Aujourd'hui jeudi 4 septembre, c'est aussi le jour de la sortie en français du dernier recueil de nouvelles de Haruki Murakami, Saules aveugles, Femme endormie. Quand on sait l'intérêt que je porte à cet auteur, je ne manquerais pas d'en reparler prochainement.

En attendant, je m'attèle à une nouvelle dont je viens de finir une première ébauche. Etant donné que j'aimerais davantage concentrer ce blog sur les livres qui m'ont marqué, je ne sais encore si je présenterais mon texte sur ce blog. En attendant, n'hésitez pas à faire part de vos lectures estivales qui ont retenu votre attention.